Note de chevet

Note de chevet

Il est sans doute trop matin pour clore l'éphémère
Mais le sommeil me nargue comme une maîtresse
Je dois m'esquiver maintenant, tu me pardonneras –
Par principe je ne prétends jamais à toute l'affaire
Je n'en sais aucune salutaire sinon toi traîtresse
Mon habitude est solitaire contrecœur elle le restera

Si ce n'étais qu'hier, hélas à cette aube encore c'est ironique
Tu reposes d'un souffle paisible et je te désire pour moi
Pourtant il y en a d'autres de nuques et de chevelures –
C'était hier jadis je briguais la plume et les ailes romantiques
Lors j'appris à dédaigner cet onirisme dit rouge mais chamois
Quand je le découvris faux frustre fat et si peu pur
Ce sont tes yeux qui saillent, pourtant ils sont clos
Dire – dame – c'est ton âme!

Je ne tiens pas à égarer mon temps ni le tien, je quitte infidèle
Comprends, je redoute j'abhorre la servitude ou l'allégeance
Abstraites mes ambitions disent abnégation et côtoient l'absolu
Exaltées peut-être comme le parfum de la rose mais nobles elles
Je n'ai que faire d'être aveugle ou de ce que les gens pensent
Je préfère la grandeur à deux fois petits cœurs dévolus

Si vraiment je suis damné ce sera pour te raconter te magnifier
Moi je n'ai besoin de femme, toi tu es trop sage pour un homme
Ton nom sera tourment de plus, égérie chimérique et ennemie
Entends moi, c'est une muse que j'implore et souhaite allier
Tu serais ombre, et me contente déjà amplement la mienne difforme
Ce n'est même pas pour ton vote que je nous ais compromis
Il me fallait prouver que je pêcherais plus grand que moi –
Ton confort.

Le  corbeau et l'ermite que toujours je confessai
Ont bu de ton vin et je t'en ai trop avoué
Comme j'abusais mon cœur ivre s'est évadé
Pour nos ébats.

Gravement je t'observe dormir sous les draps en bataille
Sous tes cheveux froissés j'ai l'impression de savoir l'amour
Maintenant c'est l'ascète qui se sauve ses derniers détails
Je n'ai de voix plus que quelques lignes ésotérique et éperdues
Comme si la corneille chantait parmi les colombes de la cour

Mes cernes sont saufs, le sourire est rhétorique
Je suis derrière ta porte –
Je la laisse entrouverte.