L'Histoire d'un instant

L'Histoire d'un instant</i>

      Un enfant se tient à l'écart, de gêne. Les inconnus l'effraient un peu. Et puis, les siens sont pris à converser.

      À l'étage, j'œuvre en solitaire.

      Certaines des figures nouvelles s'intéressent au petit. Les adultes lui sourient, et lui posent de gentilles questions. Il répond humblement d'abord, plus audacieusement ensuite. On admire, on s'exclame. On s'amuse.

      En haut j'ai des visiteurs, à l'improviste. Je discute et me découvre un brin. On acclame, on s'étonne. On rit.

      L'enfant a perdu son auditoire. Il se sent à part, encore. Il joue distraitement avec ce qu'il a sous la main, parce qu'il se le doit. Des jeux sans sens. Il s'arrête parfois pour soupirer quelconque pensée mélancolique. Rien ne vient le sauver.

      Je poursuis mes absurdes besognes et m'y contraint. Par moment, je m'interromps sans le vouloir - mon esprit se laisse à réfléchir. Le temps est long.

      Finalement, l'enfant n'y tient plus. D'ennui, de solitude, il pousse d'illogiques pleurs. Trop faiblement : on ne l'entend pas. Son accablement redouble. Qu'importe, ce sera vite oublié.

      Je dépose mon travail. Je n'en peux plus; quelques larmes m'échappent. C'est l'histoire d'un instant.